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On ne peut pas lutter contre le système de J. Heska

24 Jan
Éditions Seconde Chance - 2012 - 336 pages

Éditions Seconde Chance – 2012 – 336 pages

Le système financier mondial vient de s’écrouler. Il ne s’en relèvera pas, plongeant toute une civilisation dans le chaos.

Lawrence Newton a accepté sa destinée. Il a renoncé à ses espoirs, à ses convictions, et à l’amour de sa vie pour suivre les traces de son père au sein du consortium HONOLA. Samson Bimda est le chef d’un village au nord de l’Ouganda. Les semences OGM vendues par la compagnie ruinent ses champs et ne lui permettent plus d’assurer sa subsistance. Clara, Hakim et Louise sont trois militants au sein du mouvement écologiste GreenForce. Au hasard d’une de leurs actions, ils tombent sur des documents compromettants qui vont les dépasser.

À la veille du plus grand sommet européen déterminant l’avenir de millions de personnes, chacun doit défendre ses intérêts, quitte à en payer le prix le plus lourd.

Mon avis

Depuis un an ou deux, j’ai pris, en quelque sorte (meaning : officieusement), la résolution d’oser davantage dans la vie, d’essayer de nouvelles choses, de sortir de ma zone de confort en somme. Le rapport avec ce livre ? Non, je n’ai pas décidé de me mettre à lutter activement contre le système, malheureusement. Seulement, je n’avais jamais participé à un livre voyageur et voilà que J. Heska a proposé d’en faire un spécialement pour le Québec pour son roman On ne peut pas lutter contre le système. J’ai hésité un peu, mais devant l’opinion généralement favorable de plusieurs internautes, j’ai décidé de sauter le pas et de tenter l’aventure ! Bon, certes, on a déjà vu plus audacieux comme nouvelle expérience, mais il faut bien commencer quelque part.  Et comme on dit, petit train va loin !

Alors tout d’abord, commençons par l’objet livre en lui-même. J’aime beaucoup la couverture, elle dégage un certain je-ne-sais-quoi… d’inquiétant, de fin du monde, de funeste. D’une certaine façon, elle me fait penser à celle du livre Le Vide de Patrick Senécal. Cependant, le fait que le nom de l’auteur ne soit pas inscrit sur la couverture mais uniquement sur la tranche me perturbe à chaque fois que je la regarde. Cela donne une couverture étrangement dénudée et un peu inachevée. Il faut néanmoins avouer que ça a le mérite de la rendre intrigante et de la faire sortir du lot.

Venons-en à l’histoire maintenant. L’auteur aborde une multitude de sujets, comme l’économie, l’écologie et la politique, et mêle plusieurs genres (thriller, un peu de science-fiction et de philosophie, aventure), mais cet amalgame reste somme toute cohérent, les thèmes choisis allant souvent de pair. J. Heska traite de sujets complexes sans toutefois s’engoncer dans des explications détaillées, ce qui est à la fois positif et négatif. C’est bien parce que, pour le lecteur qui ne connaît rien à des sujets comme la finance ou les OGM, se faire expliquer des sujets de ce genre (comme la titrisation de dettes qui demande la connaissance d’autres concepts financiers au préalable) au travers d’un roman ne serait pas nécessairement folichon. Cependant, ceux qui ont déjà de bonnes connaissances dans ces domaines et/ou les curieux y trouveront peut-être un goût de trop peu. Pour ma part, je dirais que je me situe entre ces deux « extrêmes », donc cela ne m’a pas dérangé. L’auteur a fait le choix de ne pas faire de son roman un écrit de vulgarisation et, de mon côté, je pense que c’est une bonne décision.

Malheureusement, l’histoire s’avère au final un peu abracadabrante. Les personnages principaux semblent pour la plupart invincibles (oui, ils subissent des blessures, mais ils s’en remettent assez rapidement). On assiste à un complot qui, selon moi, ne fonctionnerait pas dans la vie réelle. Plus il y a de gens impliqués dans une conspiration (volontairement ou non), plus il est difficile que ladite conspiration fonctionne. Or, il y a justement beaucoup de personnes qui sont mêlées à cette histoire, donc il est à mes yeux (avis totalement personnel) improbable que l’instigateur ait réussi à faire ce qu’il a fait. L’histoire manque donc un peu de réalisme. Toutefois, la révélation finale concernant l’identité de l’instigateur en question m’a vraiment surprise, je ne m’y attendais pas du tout. D’ailleurs, j’ai beaucoup aimé l’épilogue. Non seulement on découvre qui est l’instigateur, mais en plus, l’auteur nous repasse certaines scènes sous un nouveau éclairage, ce qui fait qu’on comprend tout !

Pour ce qui est des personnages, j’ai trouvé Newton attachant, même si je ne suis pas d’accord avec sa décision. [Attention spoiler] Les crises financières qui se sont produites ces dernières années montrent qu’il ne suffit pas de faire tomber le système pour qu’il change. À presque tous les égards, notre système est resté pareil à ce qu’il était avant les crises. Faire ainsi crasher le système s’apparente plutôt à mes yeux à une vengeance personnelle de Newton envers son père et HONOLA, mais bon, ça c’est mon interprétation bien à moi. [Fin du spoiler] Malgré ça, je l’ai bien aimé, ce Newton, il a quelque chose de faillible qui le rend humain. À vrai dire, je crois que c’est le seul personnage auquel je me suis vraiment attaché. Je n’ai rien ressenti de particulier pour le personnage de Claire. Hakim et Louise ne m’ont pas marquée (en fait, j’ai trouvé Louise un peu tête à claques) et les autres personnages sont trop peu présents pour que l’on puisse se lier à eux (mais j’ai bien aimé Marty McFly par contre ^^).

Au niveau de la structure du récit, je suis partagée. La présence de flashbacks, de va-et-vient dans le temps et de chapitres sous différentes formes permettent à l’histoire de ne pas être trop linéaire. Cependant, j’ai trouvé que certains chapitres étaient mal mis en contexte du fait qu’ils n’étaient pas présentés de façon chronologique. De plus, je n’ai personnellement pas apprécié les chapitres « journalistiques ». J’ai trouvé qu’ils n’avaient pas un ton réaliste (peut-être à cause de la retranscription par écrit de nouvelles « initialement » télévisées). Pour ce qui est des dialogues, j’ai eu à plusieurs reprises de la difficulté à déterminer qui parlait, ce qui est plutôt gênant. À noter également la présence de quelques coquilles ici et là qui, sans gâcher la lecture, agacent toujours un peu l’oeil.

Bref, on a là une histoire aux multiples facettes en ce qui a trait aux thèmes et aux genres, avec un personnage principal quand même attachant, mais le récit souffre cependant d’un certain manque de réalisme et d’une structure qui ne m’a pas pleinement convaincue. Néanmoins, même si mon verdict semble plutôt négatif, j’ai dans les faits passé un sympathique moment. Ça se lit bien, le suspense est au rendez-vous (un peu moins sur le début, mais c’est normal) et malgré les thèmes abordés, on n’a pas l’impression de se faire faire la morale. À lire, donc, si l’économie, l’écologie et la politique ne vous rebutent pas et que vous avez envie d’une petite lecture pas trop prise de tête ! Je remercie chaleureusement J. Heska d’avoir permis à son livre de voyager ainsi jusqu’au Québec et merci également à la personne qui me l’a fait parvenir. Présentement, il n’y a personne après moi dans la liste, mais s’il y a une québécoise qui passe ici et qui aimerait le lire, je me ferai un plaisir de lui envoyer, pour que cette belle aventure livresque se poursuive !

Bien.

Bien.

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Le Dernier jardin, tome 1 : Éphémère de Lauren DeStefano

11 Fév
Wither (traduit par Tristan Lathière) - Castelmore - 2011 - 450 pages

Wither (traduit par Tristan Lathière) – Castelmore – 2011 – 450 pages

Que faire de sa vie quand on connaît la date exacte de sa mort ?

L’humanité croyait son avenir assuré. La science avait créé des enfants parfaits, immunisés contre toutes les maladies. Mais qui pouvait imaginer le prix à payer ? Car désormais, personne ne survit au-delà de vingt-cinq ans. Le monde a changé. Pour les jeunes femmes, la liberté n’est plus qu’un souvenir. Au nom de la survie de l’espèce, elles sont kidnappées et contraintes à des mariages polygames.

Rhine a seize ans. Quand elle se réveille dans une prison dorée, elle n’a qu’une idée en tête : fuir. Qu’importe l’amour que lui portent son mari et ses soeurs épouses. Quand on n’a que quelques années à vivre, la liberté n’a pas de prix.

Mon avis

Éphémère est un livre au sujet duquel j’avais entendu d’excellents échos un peu partout sur la blogosphère. Ajoutez à cela une magnifique couverture et vous venez de me faire tomber dans vos filets.  Pour tout vous dire, je ne savais même pas de quoi exactement parlait ce livre quand je l’ai acheté. Hélas, le charme n’a pas vraiment opéré entre cette dystopie et moi…

En ce qui me concerne, je trouve que la lacune majeure de ce roman – et c’est ce qui a fait en sorte que je n’ai pas vraiment accroché – est son univers. A priori, le concept n’est pas mauvais : les scientifiques ont réussi à rendre une génération immunisée contre toutes les maladies, mais tous les enfants issus de cette génération ont une espérance de vie plutôt courte, soit vingt ans pour les femmes, vint-cinq pour les hommes. Mais voilà, ce que je viens de vous dire, c’est à peu près tout ce qu’on apprend sur l’univers en 450 pages. Lisez le résumé, il contient à lui seul toutes les informations données sur le cadre dystopique dans la totalité du roman. Par ce manque de profondeur, Lauren DeStefano n’a pas su rendre son univers réel à mes yeux. Je n’ai pas réussi à y croire. Et pour une dystopie, c’est assez problématique. On sent que la société (la seule restante sur la planète à cause d’une prétendue Troisième Guerre mondiale dont on ne nous dit absolument rien) est très évoluée scientifiquement et technologiquement, mais rien ne vient étayer cette impression. On ne comprend pas vraiment non plus comment et pourquoi le monde est devenu tel qu’il est dans le roman. En gros, je n’ai pas été capable de trouver des repères auxquels m’accrocher dans cet univers et c’est bien dommage.

Avec un cadre aussi flou, on comprend – ou suppose – que l’auteure a voulu centrer son histoire sur ses personnages (ce n’est tout de même pas une raison pour occulter le contexte, mais bref). Comme on suit Rhine partout, même dans sa tête (si si !) à cause du point de vue narratif, on pourrait penser que, par conséquent, on apprendra très bien à la connaître. Mais là encore, j’ai coincé : à la fin de ma lecture, je n’ai pas vraiment eu l’impression de la connaître réellement. Ni aucun des personnages. En fait, j’ai trouvé que l’on n’apprend rien sur personne. Certes, on découvre qu’une telle est orpheline, que l’autre a perdu toutes ses soeurs ou encore qu’une autre avait un père peintre, que les parents de Rhine étaient scientifiques, que son frère est la personne qui compte le plus au monde pour elle, mais…  je ne sais pas, en termes de valeurs, de traits de personnalité, etc., je n’ai pas trouvé que les personnages étaient bien décrits. Je ne me suis donc pas attachée à eux. J’ai également eu un gros problème de perception des âges, c’est-à-dire que je n’avais pas du tout l’impression que Linden, par exemple, avait 21 ans, ni que Jenna en avait 19. Allez savoir pourquoi (mais je suspecte fortement cette description selon moi déficiente des personnages). 

Une autre des raisons pour lesquelles je n’ai pas accroché à Éphémère ? La narration. En effet, je n’y ai pas adhéré. Peut-être est-ce parce que je ne suis pas habituée à lire un récit à la fois au présent et à la première personne, mais toujours est-il que j’ai d’abord buté sur la conjugaison pour ensuite être freinée par le point de vue. Je pense que le roman aurait gagné à être polyphonique parce qu’on se trouve enfermé dans la vision et la perception de Rhine. L’histoire aurait pu être un huis-clos intéressant, mais pour le coup, j’ai plutôt eu l’impression d’être brimée dans ma lecture, frustrée et non tenue en haleine par ce manque d’informations occasionné par l’unique point de vue narratif choisi par l’auteure. Je trouve qu’il aurait été vraiment très intéressant de voir les choses du point de vue de Linden à certains moments de l’histoire ou de celui de Gabriel à d’autres moments.

D’ailleurs, en général, on s’attend à ce qu’un bon huis-clos soit haletant, oppressant ou dérangeant, voire même tout ça à la fois, mais je trouve qu’aucun de ces qualificatifs ne s’applique à Éphémère. En effet, niveau suspense, on repassera. On ne s’ennuie pas nécessairement, mais on n’est pas réellement captivée non plus, le manque d’action étant aux premières loges dans le banc des accusés. Certes, par définition, un huis-clos ne laisse pas vraiment place à moult actions « physiques » (déplacements, courses-poursuites, etc.), mais d’une part, l’histoire de ce roman se déroule dans un grand manoir au vaste terrain (plutôt propice aux petites marches de santé donc), et d’autre part, l’action n’a pas besoin d’être physique, justement, pour être haletante. Suivre les pensées d’un personnage dans l’élaboration d’un plan de fuite ou d’une stratégie pour glaner des informations peut s’avérer palpitant. Cependant, dans le cas qui nous occupe, Rhine reste dans l’ensemble plutôt passive et, même si on voit qu’elle a une certaine stratégie et un semblant de plan, plusieurs éléments facilitant sa fuite tombent un peu du ciel pile au bon moment, empêchant souvent à un crescendo de tension d’avoir une finale explosive, surprenante. Un soufflé qui retombe quoi.

En outre, Éphémère n’est pas des plus dérangeants non plus. Ses thèmes avaient pourtant tout pour l’être (enlèvements de jeunes filles pour faire des mariages polygames forcés, captivité, dénigrement du statut de la femme en la reléguant au simple rôle de procréatrice, expériences scientifiques faites sur des enfants), mais je trouve que l’auteure n’a pas assez insisté sur le côté ignoble de la situation. Il aurait fallu que ce soit plus sombre. En tout cas, pour ma part, je suis restée plutôt insensible devant ce qui se passait dans cette prison dorée. Peut-être que Maître Vaughn aurait dû être davantage présent…

Bref, première nouvelle lecture de l’année et premier flop ! Un univers et des personnages manquant de profondeur, une narration qui ne m’a pas plu, un manque de suspense et une histoire pas assez percutante; voilà ce que je lui reproche. Malgré tout cela, reste que je n’ai pas passé un effroyable moment de lecture non plus, ça se laisse lire, les thèmes abordés, quoique peut-être mal exploités, sont intéressants. Sans doute que par curiosité, je lirai la suite. Peut-être en apprend-t-on plus sur l’univers et les personnages. Et j’ai entendu dire qu’il y avait davantage d’action dans le deuxième tome, peut-être que ça passera mieux… À voir !

Moyen...

Moyen…

Déception...

Déception…

Tomes…
T.1: Éphémère – paru
T.2: Fugitive – paru
T.3: Sever – non traduit

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La Cité, tome 1 : La lumière blanche de Karim Ressouni-Demigneux

15 Jan
La Cité, tome 1 : La lumière blanche de Karim Ressouni-Demigneux

Rue du monde – 2011 – 236 pages

Imaginez un jeu révolutionnaire, totalement virtuel mais en temps réel. Un jeu où l’on pleure, où l’on saigne, à travers un autre soi-même. Un jeu où tout peut arriver, même mourir. Une énigme absolue où il faut tout découvrir, y compris le but du jeu… Ce jeu existe: il s’appelle La Cité.

Comme dix millions de Terriens, Thomas a eu la chance de pouvoir entrer dans La Cité. Et tout a changé… Peu à peu, il a rencontré les amis que La Cité lui destinait, Arthur, Liza et Jules César. Avec eux, il a découvert ses pouvoirs. Il a aussi repéré ses ennemis, comme Jonathan, son copain de lycée… Puis tout s’est emballé. Mystères et coups de théâtre se sont entrechoqués, ont submergé les esprits. Jusque dans la vraie vie…

AVERTISSEMENT :

Dans La Cité, ne parlez jamais de votre véritable vie, sinon la lumière blanche vous accablera.

Mon avis

Il y a plus de deux mois, je recevais dans ma boîte mail un message provenant de mon formulaire de contact. C’est avec surprise (et plaisir!) que j’avais découvert que les éditions Rue du monde m’avait contacté pour m’offrir  de lire le premier tome de La Cité, leur toute nouvelle série. J’avais peu de temps pour lire à ce moment-là, mais j’ai tout de même accepté, curieuse de connaître cette nouveauté apparemment si chère à leurs yeux. Peu de temps après, je recevais un service-presse en bonne et due forme, c’est-à-dire le livre entouré d’un lot d’affiches promotionnelles, d’un mini-catalogue de l’éditeur et d’un petit mot personnalisé (très gentil au passage) ! Avec un paquet préparé avec autant de soin, je ne pouvais qu’être encore plus curieuse !  Je ressors de cette lecture plutôt satisfaite puisque c’est un ouvrage qui saura selon moi plaire au public visé, mais je ne suis toutefois pas nécessairement emballée.

L’histoire démarre très rapidement : dès les premières pages, on entre dans le vif du sujet, c’est-à-dire La Cité, ce fameux jeu vidéo mystérieux. C’est une manière efficace de commencer parce que, le cadre de l’histoire étant assez simple, le lecteur se sent intrigué dès le départ sans être ennuyé ou perdu. En quelques pages, on apprend donc à connaître Thomas, sa famille et ses amis. Cependant, il n’y a pas que le début qui est rapide : tout va très, voire trop, vite. En effet, à partir du moment où Thomas reçoit son jeu, j’ai un peu eu l’impression que l’histoire est catapultée en quatrième vitesse. Il arrive à peine dans la Cité qu’il rencontre déjà Arthur et peu de temps après Liza et J.C. Pour le coup, on peut supposer que c’est la Cité qui a orchestré tout ça puisqu’elle contrôle tout.

Mais voilà qu’en plus, ils découvrent en deux temps trois mouvements les pouvoirs qui les relient. Là encore, la Cité intervient par la bande, mais si certaines actions des personnages peuvent être provoquées par le jeu, ce dernier ne les contrôle pas et, logiquement, il reste donc une part de hasard dans le déroulement des évènements. Le fait que la déambulation aléatoire de la petite bande les ait mené devant un film connu par coeur tant par Thomas que par Liza m’apparaît donc comme une façon un peu facile de découvrir leur pouvoir commun alors que cela ne fait que quelques heures qu’ils se connaissent. Je salue toutefois l’originalité de leur pouvoir, je l’ai trouvé très intéressant. Brièvement : s’ils prononcent ensemble une même phrase au futur, ils vieillissent, si c’est une phrase au passé, ils rajeunissent, et si c’est une phrase au présent, leur état se maintient. Mais bref, tout ça pour dire que j’ai trouvé les évènements quelque peu précipités tout au long du livre.

Autre petit point négatif, certaines choses pourraient ne pas être comprises par les plus jeunes à qui ce livre est destiné. Par exemple, le personnage principal assiste à une éclipse solaire, mais ne regarde pas le soleil, comme on le lui a enseigné. Bon, moi je sais pourquoi il faut pas regarder une éclipse solaire (gare aux rayons UV les amis! :P), mais le coco de 12 ans qui lit ce roman, il ne saura pas forcément. La seule réflexion qu’il se fera c’est « rhaa, mais c’est cool une éclipse solaire, pourquoi il a pas regardé le pauvre niouk ?! » (bon, c’est peut-être pas ça qu’il se dira, mais c’est pour dire que quand on glisse un élément un peu scientifique comme ça dans un roman jeunesse, faut prendre un p’tit bout de phrase pour l’expliquer). Heureusement, cela se produit rarement durant l’histoire.

Néanmoins, j’ai trouvé que ce livre possédait définitivement beaucoup de suspense. En effet, certaines scènes, notamment celle dans le 1 à la Boucle infinie, ont su me tenir grandement en haleine. Les textes en début de chapitre sont pour la plupart assez intrigants également, surtout ceux sur Arthur qui nous amènent à nous poser beaucoup de questions. De même, j’ai trouvé les passages écrits par les Arpenteurs très intéressants et bizarrement, le fait qu’ils décrivent la Cité renforce le mystère qui l’entoure au lieu de le dissiper. Honnêtement, je n’ai pas cherché outre mesure à deviner ce qu’il allait se passer, alors j’ai trouvé que la plupart des retournements de situation n’étaient pas prévisibles et la fin donne envie d’en savoir plus ! Les plus jeunes n’auront sans doute aucun mal à lire ce petit roman d’une traite, tout comme les adultes qui savent laisser leur âme d’enfant prendre le dessus. C’est facile à lire et entraînant !

Beaucoup de pistes sont semées (présence de la mère de Thomas et de Nadia, la mémoire de la cité, les passages pour se déplacer dans la Cité, le labyrinthe), le comportement de certains personnages (dont Jonathan et les jumeaux) est assez obscur et des intrigues sont encore irrésolues pour le moment alors reste à voir si tout ça sera bien exploité dans les tomes suivants, mais ça augure bien !

Bref, nous avons là un roman jeunesse bien sympathique avec un bon suspense et une multitude de pistes parsemées ici et là dans l’histoire. Le déroulement des évènements est cependant un peu trop rapide et facile par moment et quelques éléments auraient nécessité de plus amples explications. Toujours est-il que c’est une lecture qui réussit à susciter l’intérêt. Je me laisserai sans doute tenter lorsque le tome 2 paraîtra. Un grand merci aux éditions Rue du monde de m’avoir fait confiance !

Appréciation globale :

Bien.

Tomes…
T.1: La lumière blanche – paru
T.2: La bataille des Confins – paru
T.3: Le pacte des Uniques – paru

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Le Passage, tome 1 de Justin Cronin

1 Juil
Le Passage de Justin Cronin

The passage (traduit par Dominique Haas) – Robert Laffont – 2011 – 967 pages

Avant de devenir la fille de Nulle Part – celle qui vint en marchant, la Première, la Dernière et la Seule, et qui vécut mille ans -, ce n’était qu’une petite fille appelée Amy ; Amy Harper Bellafonte, née dans l’Iowa.

Années 2010. Dans la jungle bolivienne, un commando de l’armée américaine traque les membres d’une expédition atteints d’un mystérieux virus…  Au Texas, deux agents du FBI persuadent un condamné à mort de participer, en compagnie de onze autres prisonniers, à une expérience scientifique ultrasecrète.

Près d’un siècle plus tard. Une communauté a réchappé à l’apocalypse causée par l’invasion dévastatrice de mutants qui ont plongé le monde dans le chaos. Un jour, une jeune fille silencieuse et énigmatique se présente à la porte de la Colonie…

Mon avis

Je suis venu, j’ai lu, j’ai vaincu ! Le Passage est, à ce jour, le livre le plus volumineux que j’ai lu : 967 pages ! 967 pages pleines, bien (trop?) remplies, tant au sens propre qu’au figuré. C’est en effet un livre foisonnant de détails dont la mise en page ne facilite pas nécessairement la lecture. Je m’excuse d’avance pour la longueur de mon billet, mais à livre énorme, chronique énorme !

En premier lieu, je dois dire que je suis un peu brouillée avec Stephen King. En quatrième de couverture, il annonçait ceci : « Lisez les quinze premières pages et vous serez accro. Lisez les trente suivantes et vous vous retrouverez au beau milieu de la nuit, plongé dans votre lecture. Lisez ce livre et le monde réel disparaîtra. » Après quinze pages, j’étais loin d’être captivée. Après les trente suivantes… pas davantage encore. Il m’a fallu atteindre les 130 pages pour enfin commencer à rentrer dans l’histoire! Bon, je disais ça à la blague pour King, mais reste que certains lecteurs n’auraient peut-être pas persévéré aussi loin, ce qui est dommage parce que certaines parties en valent franchement le coup ! Ce qui rend le début de ce livre long (enfin, ça dépend des points de vue, certains ont réellement été happés dès les premières pages), c’est le fait que la vie de pratiquement tous les personnages nous est expliquée de fond en comble, et des personnages, il y en a et pas qu’un peu ! Personnellement, je pense que ces passages « biographiques » auraient pu être condensés.

Il est difficile de dire si tout est cohérent dans cette histoire parce qu’il y a tellement de détails, de petites pistes posées ici et là qu’il est impossible de se rappeler de tout ce qui a été dit, si bien que, même si l’auteur avait oublié une petite chose, il y a peu de chance qu’on s’en rende compte. C’est un roman vraiment très dense où chaque phrase est pleine d’informations. Impossible de lire ce bouquin quand on a la tête ailleurs. Même en sachant que bien des trucs ont dû m’échapper, j’en garde pourtant un sentiment de cohérence générale. Tout m’a semblé logique et je lève donc mon chapeau à Justin Cronin, car maintenir une telle cohésion entre les éléments d’une histoire de cette envergure n’est pas une mince affaire, j’en suis sûre.

D’un autre côté, avec cette multitude de personnages (non, non, pas La Multitude (ceux qui l’ont lu comprendront ^^)) ,  il y en a pour tous les goûts et chacun y trouvera ses chouchous. Pour ma part, mes personnages préférés sont  Doyle (on ne le voit pas beaucoup, mais il m’a tout de suite plu), Peter, dont j’ai beaucoup aimé l’évolution, et Michael le Circuit  (la Goupille pour les intimes ^^). Ces deux derniers jouent un grand rôle dans l’histoire et leur esprit de sacrifice ainsi que leur courage m’ont touchée. J’ai également beaucoup apprécié Sara, l’élément de sensibilité dans ce monde de brutes.

Niveau histoire… j’ai de la difficulté à me prononcer. C’est immense, c’est terrible, mais c’est aussi étrange, insolite. Je pense que c’est l’une des histoires les plus bizarres que j’ai jamais lues. L’ambiance est à la limite dérangeante à certains moments (notamment quand l’un des douze « parle »), ça met presque mal à l’aise. Si une musique avait accompagné ces passages, ça aurait été un truc discordant mais fascinant, qui vous inspire de la répulsion et de l’attirance en même temps. Derrière cette histoire, ce roman parle des limites de la science, de l’éthique entourant les expérimentations scientifiques et c’est en somme un scénario catastrophe du genre de choses qui pourrait se produire un jour, si nous poussons trop loin les recherches et les expériences. Ce qui est ironique là-dedans, et aussi potentiellement vrai, c’est que cela pourrait faire régresser notre monde au lieu de le faire progresser, comme c’est le cas dans ce livre.

D’ailleurs, j’ai largement préféré l’histoire à partir du moment où on rentre dans le Temps d’Après, c’est-à-dire après la catastrophe dont il est question, avec la première colonie. J’ai aimé découvrir comment les survivants s’étaient adaptés et au fur et à mesure, on apprend ce qui s’est passé dans le Temps d’Avant. Le livre se transforme soudain en roman d’aventures et on a droit à de l’action, pure et dure ! J’ai trouvé que ça devenait beaucoup plus palpitant ! Petit regret toutefois, toujours concernant l’histoire, c’est qu’en début de livre, on parle de l’expédition dans la jungle bolivienne, mais finalement, on ne sait pratiquement rien là-dessus. On ne sait pas ce qu’est le virus finalement, ni pourquoi il n’a pas eu les mêmes répercussions sur les membres de l’expédition et les détenus. Tout ça reste très nébuleux. J’ose croire à une manoeuvre délibérée de l’auteur qui, à mon avis, ne serait pas du genre à laisse en plan un élément aussi gros. J’imagine que j’aurai donc les réponses à mes questions dans les prochains tomes (ce que semble confirmer cet article).

Quand on y pense, c’est aussi une genre de guerre entre le bien et le mal, mais pas LE bien et LE mal. C’est davantage à petite échelle, ce sont des luttes personnelles. Chaque personnage livre des combats intérieurs et c’est surtout chez les viruls (les « méchants » de l’histoire) que cet état est mis en avant. Leur manie de revenir chez eux peu après leur transformation et la mélancolie que l’on peut percevoir à ces moments-là, tout comme quand vient leur mort, démontre une ambivalence déchirante en leur fort intérieur. Les personnages humains sont également bien travaillés : leurs questionnements sont légitimes dans le contexte où ils sont et ils prennent leurs décisions pour ce qu’ils pensent être le mieux, dans l’intérêt collectif.

J’ai bien aimé les quelques changements de narration dans l’histoire (courriel, journaux, carnets de Tantine et de Sara). Cela permettait de changer le rythme et de nous donner des informations avec un point de vue différent. Le début et la fin de ses passages étaient très bien identifiés et nous donne des indices quant à la suite. Je disais tout à l’heure que la mise en page n’aidait pas à rendre la lecture plus aisée, car les paragraphes sont souvent très longs et il n’y a pas de sauts de lignes entre chaque, sauf quand on change de personnages. Tout est donc compact, tant la forme du texte que le fond. De plus, à voir la grosseur du livre, on pense que ce sera écrit gros, mais en fait ce n’est pas le cas. Sans pour autant être petite, l’écriture n’est pas démesurément grande.

En parlant d’écriture, voici quelques mots au sujet du style de Justin Cronin. Je n’ai pas tout de suite adhéré à sa façon d’écrire, car il a tendance à faire des phrases très longues et j’avais parfois l’impression de me perdre dans la lecture d’une seule phrase. ^^ De plus, peut-être cela vient-il de la traduction, mais j’ai trouvé que certaines phrases sonnaient bizarres à cause de leur formulation, de leur tournure. Il m’est arrivé d’en relire plusieurs en me disant que ce n’était pas vraiment français comme phrase. Toujours est-il qu’avec près de 1000 pages, on a le temps de s’accoutumer à ce style et pour ma part, je m’y suis fait sans trop de problèmes finalement. L’écriture de Cronin est riche, assez descriptive, mais également efficace dans les scènes d’action.

Bref (vous aviez hâte qu’il arrive ce bref hein ), Le Passage est un livre complexe, profond et surtout dense, un peu trop même. J’ai trouvé l’histoire longue à démarrer, mais une fois lancée, on a droit à de bonnes doses d’action. Justin Cronin a créé un « univers » très détaillé et d’une cohérence admirable. C’est un récit assez sombre, à la fois dérangeant et fascinant, qui aborde mine de rien des sujets très sérieux comme les limites de la science. Les personnages, très nombreux, ne sont pas en reste et je me suis facilement attachée à certains d’entre eux. Même si j’ai eu un peu de mal à adhérer au style de l’auteur, j’ai fini par m’y faire et au final, il sert bien le récit. Une mise en page plus aérée aurait toutefois été appréciée et j’espère que ce sera le cas pour les prochains tomes. C’est en somme un roman bien intéressant et je compte bien lire la suite, une fois que les deux prochains tomes seront sortis en français ! J’espère que les couvertures seront tout aussi magnifiques ! Je remercie Mallou, chez qui j’ai gagné cette brique grâce à un concours en partenariat avec Robert Laffont !

Petit + : Les droits cinématographiques ont apparemment été acquis par Fox 2000 et le réalisateur sera, paraît-il, Ridley Scott.

Appréciation globale : 

Euh… Ovni?

Tomes…
T.1: Le Passage – paru
T.2: Les Douze – paru
T.3: The City of Mirrors – à paraître

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