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Le Chant du troll de Pierre Bottero & Gilles Francescano

12 Août
Le Chant du troll de Pierre Bottero & Gilles Francescano

Rageot – 2010 – 187 pages

– Psssst ! Est-ce que tu es prête ?

– Je ne sais pas de quoi tu parles. Prête pour quoi ?

– Le basculement a débuté…

Mon avis

Il y a quelques temps, j’avais remarqué, grâce à Livraddict, que j’avais 99 livres dans ma bibliothèque. Sachant cela, je tenais à ce que mon centième livre soit spécial, que ce ne soit pas un achat quelconque pigé dans ma wish-list. Le livre qui m’est tout de suite venu à l’esprit pour cette occasion, c’est Le Chant du troll de Pierre Bottero. Et si jamais je n’avais pas réussi à le trouver, ça aurait été un autre Bottero, tout simplement, parce que chaque livre de cet auteur est spécial et unique à mes yeux.

Voici donc un des derniers Bottero que je voulais lire (ne reste maintenant plus que A comme Association, tome 4 : Le Subtil parfum du soufre, Tour B2 mon amour, Isayama et peut-être bien Zouck). C’est toujours, mais toujours le même plaisir de retrouver la plume et l’imagination de Pierre, toujours les mêmes émotions qui en ressortent : le bonheur, le plaisir, l’émerveillement, la nostalgie et, depuis son décès, un soupçon de tristesse (la préface de l’éditeur m’a d’ailleurs mis les larmes aux yeux). C’est si bon de le retrouver à travers ses oeuvres, aussi éphèmère cela soit-il. J’ai à chaque fois l’impression de revoir un vieil ami.

Le Chant du troll est un roman graphique à la fois d’une immense naïveté et d’une grande gravité. On suit l’histoire à travers les yeux de Léna, une enfant, alors c’est forcément avec candeur, dans toute leur évidence, que les éléments sont présentés. Pourtant, on reste loin du ton enfantin auquel on aurait pu s’attendre pour un ouvrage de ce genre. Bien des sujets sérieux sont abordés, comme la maladie, la mort (ce qui est un peu troublant compte tenu de ce qui est arrivé à Pierre Bottero) ainsi que les tensions que peut engendrer ces dernières dans un couple, dans une famille. C’est ce qui donne une ambiance sérieuse en arrière-plan, voire même en premier plan pour certaines scènes.

Le texte est, comme toujours avec Pierre Bottero, magnifique. Il sait être tour à tour d’une délicatesse exquise ou d’une brutalité poignante. On a droit un vocabulaire relativement assez riche, ce qui un peu surprenant compte tenu du public ciblé. L’ensemble reste toutefois très clair, fluide et entraînant. Personnellement, c’est de la musique à mes oreilles. ^^ Cet auteur a toujours su me charmer avec ses phrases coups de poing et ses belles descriptions et c’est ce qu’on retrouve ici, alors je suis comblée. J’ai également beaucoup apprécié le propos de l’histoire, les messages véhiculés derrière. Le quatrième de couverture étant assez succinct, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, mais, même si j’ai finalement assez vite deviné ce qui allait se passer, cela n’a en rien gâché ma lecture, car il me restait quand même les émotions et les magnifiques dessins à découvrir. J’ai adoré la vision du réel et de l’imaginaire exposée par Sil ainsi que la façon dont l’un devient l’autre et vice versa, j’ai trouvé cela très poétique.

Les dessins, quant à eux, sont très beaux et illustrent très bien l’imagination de Pierre Bottero. J’ai apprécié voir sur papier toutes ces créatures précédemment rencontrées dans les autres oeuvres de cet auteur. Gilles Francescano a fait un excellent travail : ses illustrations sont riches en détails et en texture visuelle (ça se dit ? ^^), elles sont véritablement plaisantes à regarder, voire même à admirer. J’ai trouvé que les différentes ambiances étaient bien restituées, les couleurs s’accordant bien au ton donné par le texte (le texte étant lui-même agencé aux scènes par sa coloration).

Panorama de Gilles Francescano dans Le Chant du troll

© Paysage réalisé par Gilles Francescano pour Le Chant du troll*

*Image tirée de cet article

La présence des cinq « panomaras » (dessins sur trois pages, dont une page pliable) m’a très agréablement surprise (je ne pensais pas qu’il était possible de faire ça, d’où la surprise). Ils permettent de représenter dans leur intégralité certaines scènes et ils sont tous splendides. De façon générale, j’ai donc bien accroché au style de Francescano, il a fait une très belle équipe avec Pierre Bottero ! La seule chose qui m’a un peu gêné (mais je pense que c’est davantage un choix éditorial), ce sont les lignes blanches et les encadrements blancs sur certaines illustrations. J’imagine que cela servait à mettre l’emphase sur certaines parties des dessins, mais cela m’a personnellement paru un peu incongru.

Le Chant du troll est annoncé comme un roman graphique destiné à un public plus jeune, mais pour ma part, je le vois également comme un cadeau offert par Pierre Bottero à ses fans (les deux à la fois j’entends, l’un n’empêche pas l’autre). On y retrouve des bouts de toutes les autres histoires qu’il a écrites, de tous les autres univers qu’il a créés. On parlait des Âmes croisées comme étant la jonction entre tous ses mondes, mais Le Chant du troll fait également office de pont reliant tout ça aussi, d’une façon cependant différente.

Bref, ce roman graphique est, sans surprise, un coup de coeur pour moi. J’y ai retrouvé tout ce qui fait le charme des oeuvres de Pierre Bottero, c’est-à-dire un style qui peut être à la fois poétique et percutant, une imagination sans borne et des thèmes universels abordés avec finesse. Le tout est superbement illustré par Gilles Francescano qui nous offre des dessins finement travaillés rendant justice à ce récit plein de naïveté et de gravité. C’est à mes yeux un splendide cadeau que nous a offert Pierre Bottero. Je ne pouvais espérer mieux comme centième livre. Vraiment. Et si j’ai l’air d’avoir aimé ce livre, dites-vous que je l’ai aimé davantage encore ; seulement, c’est impossible de mettre des mots là-dessus. 😉

Appréciation globale :

Coup de coeur!!

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Les Âmes croisées de Pierre Bottero

12 Jan

Rageot – 2010 – 424 pages

« Qui veux-tu être, Nawel?
Qui veux-tu vraiment être? »
Elle le savait désormais.
– Je me nomme
Nawel Hélianthas…
Un voeu, un simple choix,
possédait-il le pouvoir d’orienter
une existence entière?
– Je sollicite le droit et l’honneur
de revêtir…
Un mot, un unique mot
pouvait-il devenir une clef?

Mon avis

Les Âmes croisées… Un livre qui résume tout ce que fut Bottero: un écrivain à la plume extraordinaire, un auteur à l’imagination splendide, un romancier avec le coeur sur la main, un artiste dont la vie s’est achevé trop tôt, tout comme l’histoire de Nawel. C’était un moment particulier pour moi de lire le dernier roman imbriqué dans ce vaste puzzle qu’a créé Pierre Bottero.Une pièce manquante à jamais, deux, trois? On ne saura jamais. Profitons de ce qui existe au lieu de s’apitoyer sur ce qui ne verra jamais le jour!

J’ai été très émue en commençant ce livre parce que cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un Bottero pareil. Les limites obscures de la magie, c’était différent. C’est un livre que Pierre n’a pas eu le temps de retravailler, un livre teinté par la présence d’Erik L’Homme aussi, un livre fantastique qui se passe dans notre monde réel. Les Âmes croisées… c’est autre chose. Comme dans tous les livres de fantasy ou de fantastique que Pierre Bottero a écrits, l’héroïne, Nawel, est une fille forte, mais ô combien humaine de par ses faiblesses qui la rendent vulnérable. Chacun des personnages principaux que cet auteur a fait naître connaissent dans leur univers respectif une évolution psychologique marquée et admirablement bien décrite. Ces jeunes filles, et plus rarement ces jeunes hommes, deviennent des adultes au fil des péripéties, des femmes ou des hommes plus matures, forgés par les épreuves, les défaites et les victoires, transformés par les prises de conscience et les réflexions profondes, façonnés par les sentiments nouveaux et les tempêtes d’émotions, irrémédiablement changés par les décisions prises et les choix déchirants. Portés par la vie. Comme n’importe quel autre être humain.

Nawel, cette Jurilane au départ égoïste et à l’esprit étroit, découvrira ce que le pouvoir lui aura toujours caché. Les conséquences de ses actes lui renvoie, à l’image d’un miroir, la similitude entre la relation des Cendres avec les Perles et sa relation entre elle et ses parents. Les uns tenus dans l’ignorance par peur de la rébellion, les autres manipulant dans l’ombre. Nawel s’appuiera sur la force de ses nouvelles convictions, certes encore un peu tremblantes, pour faire le choix que personne n’attendait d’elle, pour faire le choix que tant d’autres n’ont justement pas eu la force de faire. Sa décision ébranlera nombre d’esprits, incompréhension pour certains, admiration pour d’autres. Elle saura inspirer ses amis vers un chemin de droiture où le hasard n’existe pas. Une histoire que certains lecteurs qualifieront peut-être de trop rapide, mais l’auteur sait, comme toujours, nous faire oublier les minimes défauts de ses oeuvres par un style délectable et imagé ainsi que par les cascades d’émotions et le rythme soutenue du récit.

Pierre Bottero… me touche d’une façon indescriptible. Il vient chercher quelque chose d’enfoui très profondément en moi. J’étais dans un moment difficile, je me sentais mal. Sans hésitation, et même avec la certitude que cela m’aiderait, je me suis plongée dans Les Âmes croisées… pour en ressortir merveilleusement apaisée. C’est ce qui se produit à chaque fois je m’immerge dans un Bottero, un Bottero travaillé à la perfection dont chaque mot est empreint de force et de sagesse, de promesses. La plume de Pierre agit comme un baume sur moi. Impossible à décrire. Indéfinissable. Ça se vit, c’est tout.

C’est si déchirant de savoir qu’on ne connaîtra jamais la suite de l’histoire de Nawel (et de bien d’autres). Une suite qui s’imposait, de toute évidence, mais n’existera pas, si ce n’est que dans l’imagination de chacun des lecteurs. J’aurais aimé connaître les premiers mots échangés entre Nawel et le trio (dont un peu deviner l’identité) qu’elle devait rencontrer, j’aurais aimé savoir si Ergaïl allait réussir à imposer les changements qu’il désirait, j’aurais aimé connaître enfin tous les liens unissant les différents mondes créés par Pierre. Un suspens éternel. Même le meilleur auteur de thriller n’aurait pu tissé un suspens aussi insoutenable: il a la classe Pierre Bottero, non? =P

Pour terminer, je glisse quelques mots sur la couverture (c’est devenu une habitude ^^). J’adore celle qu’a fait Gilles Francescano pour Les Âmes croisées! J’ai d’autant plus hâte de lire Le chant du troll, le conte graphique de Pierre Bottero illustré par Gilles Francescano! Sur la présente couverture, on y voit les deux personnages clefs de l’histoire et la porte qui scellera le destin de Nawel, avec le titre en relief, c’est magnifique à regarder. Pour ma part, j’ai trouvé l’omniprésence du jaune très significative parce que c’est une couleur plus lumineuse que celles utilisées pour les autres couvertures des Bottero et ce livre avait pour but de mettre en lumière les différents liens unissant les univers de Bottero. D’ailleurs, je m’étais toujours demandé pourquoi il y avait eu des changements d’illustrateurs pour les livres de cet auteur, mais je crois que je viens de comprendre. Jean-Louis Thouard a dessiné pour La Quête d’Ewilan, Les Mondes d’Ewilan et Le pacte des MarchOmbres, soit l’univers de Gwendalavir. Didier Garguilo a dessiné pour L’Autre, c’est-à-dire l’univers des sept familles. Et finalement, Gilles Francescano a dessiné pour Les Âmes croisées, donc Juriland. Un monde, un illustrateur. Chaque dessinateur à son style alors il était sûrement plus facile de montrer que les trois univers créés par Bottero sont différents en exploitant les différences stylistiques des illustrateurs! Ça fait du sens, selon vous?

Bref, Pierre Bottero a su une fois de plus m’émerveiller au plus au point et m’emmener loin, très loin de la réalité. Nawel est un personnage très intéressant et son évolution nous laisse voir une femme finalement remplie d’humanisme et d’honnêteté. Si on regrette de ne pas pouvoir connaître la suite, on savoure tout de même avec un incommensurable bonheur et un indicible plaisir Les Âmes croisées. C’est un des ultimes voyages que Pierre Bottero nous a offert, il faut en profiter! Laissez-vous transporter par l’écriture incroyable de cet homme..!

Ce livre a été lu dans le cadre du challenge La Fantasy pour les nuls!


Appréciation globale :

Coup de coeur!!

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A comme Association, tome 2 : Les limites obscures de la magie de Pierre Bottero

11 Jan

Gallimard (Jeunesse)/Rageot – 2010 – 187 pages

Mon avis

Les limites obscures de la magie, première lecture de 2011, mais aussi première lecture d’un Bottero depuis le décès de ce dernier. C’est avec un brin de crainte et beaucoup de nostalgie que j’ai donc entamé ce deuxième tome d’A comme Association qui, je le rappelle, peut être lu avant le tome 1 d’Erik L’Homme. En route pour une aventure fantastique une fois de plus réussie, du Bottero comme on l’aime et du A comme Association comme on en rêve!!

J’ai tout d’abord été déstabilisée, car je croyais que l’humour serait sensiblement pareil que dans La pâle lumière des ténèbres, sauf qu’Erik L’Homme et Pierre Bottero ont choisi de donner un ton différent l’un de l’autre à leur histoire entrecroisée. Alors qu’on avait des jeux de mots pourris (mais drôles) à la tonne dans le premier tome, on a ici un humour qu’on pourrait qualifier de plus fin. Ombe est très vive d’esprit et ses répliques empreintes de sarcasme font tout autant rire. Il n’y a pas à dire, faut pas l’embêter elle, parce qu’au sinon, on va se prendre une riposte cinglante en pleine tronche (certains personnages de l’histoire en font d’ailleurs l’expérience)!!

En parlant d’Ombe, personnage principal de ce tome, j’aurais tendance à dire qu’elle est plus psychologiquement approfondie que Jasper. On découvre au travers des 190 pages (juste ça!) ses forces et ses faiblesses, faiblesses qu’elle se refuse obstinément à laisser paraître devant qui que ce soit. Elle nous compte son passé, ses aventures solitaires et l’origine de sa farouche indépendance. On apprend à la connaître au fil de ses réflexions et de ses réactions fassent aux problèmes qui surgissent durant ses missions. On découvre donc que, Ombe et la discrétion, ça fait deux! Là où Jasper aurait agi tout en finesse avec la magie, Ombe préfère la force brute, beaucoup moins subtile, mais selon elle tout aussi efficace puisqu’elle déteste la magie. C’est d’ailleurs assez marrant de voir les situations un peu catastrophiques qui résultent de son absence totale de retenue!! Pierre Bottero a comme toujours un style délicieux, imagé et, malgré la brutalité qu’amène le personnage d’Ombe, rempli de poésie.

Ombe et Jasper, se sont donc des personnages totalement différents l’un de l’autre, ce qui donne une ambiance plus « personnalisée » à chacun des tomes. Jasper à 15 ans a encore beaucoup de sagesse à acquérir. Son humour et ses réactions face au danger en sont d’ailleurs la preuve. Les 18 ans d’Ombe font toute la différence. Ce n’est plus une adolescente comme son acolyte, mais une jeune femme avec un humour et des gestes plus matures. Même si elle a tendance à foncer dans le tas pour ensuite mesurer les conséquences (tête brûlée pourrait-on dire), elle est forte et déterminée! Un personnage tout en contraste avec Jasper, moins frivole, mais tout aussi attachante! On l’admire un peu et on l’aime déjà beaucoup!

Deux petits mots sur la préface écrite par Erik L’Homme, également présente dans le tome 1. Elle est très touchante et nous permet de connaître la genèse de ce merveilleux projet qu’est l’Association. La réunion de deux auteurs et de deux éditeurs, de deux imaginations et de deux passions pour l’édition. Une aventure qui aurait pu se terminer abruptement, mais M. L’Homme a choisi d’honorer de façon mémorable Pierre Bottero en décidant de mener à terme ce projet commun à eux deux. Et on ne peut qu’être heureux qu’il ait fait ce choix, car avec ces deux premiers tomes d’excellentes factures, la suite est ultra prometteuse!!

Bref, on a droit encore une fois à une histoire qui va à 100 milles à l’heure (et c’est le cas de le dire)! De l’action en veux-tu en voilà, de la bonne vieille baston au lieu de la magie et un humour cuisant sont au rendez-vous, tout ça dans un maigre 190 pages! On aimerait en avoir beaucoup plus! L’indépendante Ombe en fait voir de toutes les couleurs à ses adversaires et nous charme dans le temps de le dire. Même si j’ai une préférence pour Jasper, j’ai lu ce tome en un après-midi tellement il était entraînant! Il n’y a plus qu’à attendre mars avec impatience pour la sortie des deux prochains tomes!

Appréciation globale :

Coup de coeur!!

Tomes…
T.1: La pâle lumière des ténèbres – paru
T.2: Les limites obscures de la magie – paru
T.3: L’étoffe fragile du monde – paru
T.4: Le subtil parfum du soufre – paru
T.5: Là où les mots n’existent pas – paru
T.6: Ce qui dort dans la nuit – paru
T.7: Car nos coeurs sont hantés – paru
T.8: Le regard brûlant des étoiles – paru

Note: Les tomes 1 et 2 peuvent être lus dans
l’ordre inverse, c’est-à-dire le 2 avant le 1

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