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La Tapisserie de Fionavar, tome 3 : La Route obscure de Guy Gavriel Kay

3 Mar
La route obscure

The Darkest Road (traduit par Élisabeth Vonarburg) – Alire – 2002 – 508 pages

L’hiver avait pris fin. Le cristal de convocation s’était embrasé. C’était la guerre, quelque part au nord, dans les ténèbres. Et un navire voguait vers l’occident…

Dans Fionavar, le Grand Univers dont le nôtre n’est qu’une ombre bien pâle, la puissance de Rakoth Maugrim, le dieu renégat, ne cesse de croître malgré les nombreux appuis accordés à l’armée des Lumières, conduite par Ailéron, le haut roi du Brennin, par plusieurs dieux et héros mythiques – dont Owein, le maître de la Chasse Sauvage, et Arthur Pendragon, le Guerrier revenu des morts.

Or, un ultime fil doit encore trouver sa place dans la trame complexe du Tisserand, et ce fil, c’est Darien, le fils de Jennifer et du Dévastateur lui-même. Mais jamais créature vivante, dans aucun univers, n’a été si exactement suspendue entre la Lumière et les Ténèbres…

Mon avis

J’ai très mauvaise mémoire pour les histoires que je lis, même lorsqu’il s’agit de coups de coeur, mais quand un livre me fait grande impression, j’ai tendance à me rappeler assez bien à quel point il m’a procuré de forts sentiments. Relativement peu de livres ont la capacité de continuer à évoquer de tels émotions en moi malgré le temps qui passe. Pour ne citer que la fantasy : les Pierre Bottero, évidemment (particulièrement Le Pacte des MarchOmbres et Les Âmes croisées). Le Chant d’Albion de Stephen Lawhead, que j’ai découvert à peu près à la même époque que GGK. Et La Tapisserie de Fionavar, bien entendu. Elle m’a fait vibrer lorsque j’étais adolescente et m’a encore une fois fait vibrer aujourd’hui. Je ne me souvenais d’absolument rien concernant ce troisième tome, mais c’est sans surprise qu’il m’a emportée, qu’il m’a transportée. Il ne fait que confirmer pourquoi je gardais et je garderai probablement toujours un souvenir impérissable de cette trilogie.

Ce dernier livre est une conclusion remplit d’énormément de souffrance et de tristesse. On y voit les répercussions de la guerre, les changements qu’elle amène, ou plutôt ceux qu’elle impose. Dans bien des cas, c’est une souffrance sans commune mesure que l’on nous dépeint, qui émeut par sa grandeur et sa cruauté, mais en même temps nous horrifie. C’est une guerre sans merci, qui prend tout et ne donne rien, qui détruit impartialement mais si injustement tout sur son passage.

Soyez prévenus, Guy Gavriel Kay n’épargne pas ses personnages. Combien de fois ai-je vu la mort d’un personnage arrivée, combien de fois me suis-je dit « non, non c’est impossible, il ne peut pas le faire mourir, il y aura forcément un retournement de situation et il aura la vie sauve ». Et combien de fois me suis-je trompée. Des morts tragiques, mais des morts magnifiques aussi, pleines de lumière et pleine de vie. En fait, ils sont peu nombreux à mourir, mais ils laissent un vide si grand qu’on a l’impression qu’ils ont été plusieurs à nous quitter. La Tapisserie de Fionavar, c’est l’histoire de multiples sacrifices, mais aussi d’une profonde résilience. Chaque personnage dans cette histoire a effectué un quelconque sacrifice. Pour certains, il en a été de leur vie. Pour d’autres, leur liberté ou le contrôle de leur destinée. Pour d’autres encore, leur pouvoir. Le sacrifice d’un être cher, parfois. Autant de raisons différentes qui ne pointent pourtant que dans la même direction : vers la Lumière. Et aussi difficile que celui puisse paraître, chaque personnage finit par accepter de payer ce lourd tribut. Certains s’y résignent assez vite alors que pour d’autres, c’est un combat de tous les instants, une tentative de révolte contre un destin – une trame – implacable.

Un seul être, dans cette histoire, est libre de toute destinée préalablement tracée : Darien, le petit Dari… « Jamais créature vivante, dans aucun univers, n’a été si exactement suspendue entre la Lumière et les Ténèbres ». Une phrase que je trouve splendide, sans vraiment savoir pourquoi. Darien a vraiment un destin exceptionnel et je regrette que si peu du récit, somme toute, lui soit consacré, considérant son importance dans l’histoire. Je ne sais pas précisément ce que j’aurais aimé savoir de plus, mais j’ai vraiment eu l’impression de ne pas le connaître assez. J’aurais également aimé en lire davantage sur les Paraïko, qui m’ont semblé passablement effacés. Peut-être Kay souhaitait-il conserver le mystère qui les entoure… Finalement, je trouve aussi dommage la présence quasi impromptue du dragon de Maugrim, qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe et qui repart aussi vite. J’aurais préféré qu’il soit complètement absent ou bien beaucoup plus présent, mais pas cet entre-deux qui n’a l’air que d’un prétexte pour la réalisation d’un autre évènement. J’ai trouvé que c’était fort mal amené.

Malgré cela, et plus encore que dans les deux premiers tomes, j’ai trouvé le style de Guy Gavriel Kay empreint d’un lyrisme incroyable. Sa plume m’a profondément touchée. C’est un travail fort probablement admirable qu’a réalisé la traductrice Élisabeth Vonarburg. Je n’ai jamais lu de GGK en VO, donc je ne peux évidemment pas juger de la qualité de la traduction, mais à voir comment j’ai été émue, je ne doute pas une seconde que le travail a été bien fait. Cela me donne bien envie de découvrir les propres oeuvres d’Élisabeth Vonarburg !

Je sais que plusieurs trouveront probablement cela ridicule, mais cette relecture m’a aussi fait réfléchir. Au sens de nos vies, à la place de chacun dans l’univers. Il m’a fait me demander pourquoi je suis là, pourquoi j’existe, quel est mon but, ma raison d’être. Et je pense que c’est extraordinaire qu’un roman puisse faire une telle chose. Peu importe que ce soit de la fantasy ou une histoire plus réaliste et contemporaine, je trouve que c’est magique à quel point les auteurs savent évoquer et faire naître des émotions en nous. Et c’est dans ces moments-là, quand je lis des auteurs comme Guy Gavriel Kay, que je ressens un immense respect envers eux.

Bref, c’est une conclusion douloureusement belle à cette magnifique trilogie qu’est La Tapisserie de Fionavar. Ce tome final nous fait prendre conscience de tous les sacrifices auxquels les personnages ont consenti et de la résilience dont ils font preuve. Guy Gavriel Kay nous livre un texte magnifiquement bien écrit qui a su m’émouvoir et me faire réfléchir. Chapeau à Mme Vonarburg pour la traduction. Tout ce que je regrette de ce tome est le trop peu d’attention accordée à Darien et aux Paraïko ainsi que l’introduction maladroite du dragon de Maugrim, mais ces petits détails ne pèsent pas bien lourd dans mon coeur. Désolée pour cette chronique qui me semble un peu émotive, mais bon, voilà, c’est l’effet que me fait GGK, que voulez-vous !  Ce fut encore une fois une relecture commune avec Taliesin; voyez son avis ici !

Coup de coeur!!

Coup de coeur!!

Cette chronique marque ma troisième contribution à mon challenge GGK !

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Tomes…
T.1: L’Arbre de l’été – paru
T.2: Le Feu vagabond – paru
T.3: La Route obscure – paru

Pour d’autres avis, vous pouvez aller faire un tour sur la fiche Livraddict !

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La Tapisserie de Fionavar, tome 2 : Le Feu vagabond de Guy Gavriel Kay

20 Sep
The Wandering Fire (traduit par Élisabeth Vonarburg) – Alire – 2002 - 356 pages

The Wandering Fire (traduit par Élisabeth Vonarburg) – Alire – 2002 – 356 pages

Rakoth le Dévastateur n’était plus enchaîné. Une telle puissance allait s’abattre sur eux ! Et si l’univers de Fionavar était perdu, tous les autres tomberaient devant Maugrim, la Tapisserie serait déchirée et dénaturée sur le Métier à Tisser des univers, sans pouvoir jamais être réparée…

C’est sur cette toile de fond que s’agitent magiciens, nains, guerriers, héros et héroïnes ressuscités des mythes les plus anciens, mais aussi cinq jeunes Torontois dont chacun doit mener à bien sa mission cruciale : pour Kimberly, tirer les morts de leur repos et, pour Dave, porter le cor magique ; introduire son propre fil dans la trame de la Tapisserie pour Paul, le Seigneur de l’Arbre de l’Été, et devenir l’agent d’une destinée immémoriale pour Jennifer ; enfin, pour Kevin, découvrir son rôle dans le combat qui sauvera peut-être du Dévastateur les univers du Tisserand.

Mon avis

Après une relecture très concluante du premier tome (voir mon avis ici), je ne doutais plus un seul instant de passer un bon moment en relisant la suite, à commencer, obviously, par le tome 2 : Le Feu vagabond. La vie a fait en sorte que cette lecture m’a pris près d’un mois et demi, mais ce n’est pas parce que ce livre n’est pas bon, très loin s’en faut !

Au tout début du livre, nos chers aventuriers voyageurs sont de retour dans notre monde, en attente d’un rêve de Kim ou d’un signe de Lorèn Mantel d’Argent. Ils finiront par retourner en Fionavar, mais ce sera accompagnés d’un personnage des plus légendaires : Arthur Pendragon, surnommé le Guerrier. C’est un rôle relativement effacé que lui a offert Guy Gavriel Kay dans ce deuxième tome comparativement à l’importance qu’on lui donne généralement dans les histoires le mettant en scène. C’est une chose que j’ai appréciée, car, bien qu’étant un personnage très intéressant, il y a déjà assez de personnages principaux dans l’histoire. Pour l’instant, il a plutôt un rôle de soutien (dans tous les sens du terme), mais pourtant, malgré la retenue dont il fait preuve, sa noblesse, sa droiture et sa sagesse, que Kay a très bien su restituer, transpirent à travers les pages.

Cependant, j’ai l’impression que, pour qui ne connait pas très bien les légendes arthuriennes, certains détails peuvent nous échapper. Par exemple, à plusieurs reprises, il est mentionné que c’est parce qu’Arthur a tué les enfants qu’il est ainsi condamné. Or, je n’avais personnellement aucune idée de quoi il retourne au sujet de ces enfants.  J’ai finalement fait une recherche, mais j’ai eu bien du mal à trouver ce que je cherchais. Mais bon, comme je le disais, il s’agit de détails, donc ça ne gêne pas forcément la lecture, mais ça peut parfois être agaçant de ne pas tout comprendre. Et il faut avouer que Kay a le mérite de sortir des sentiers battus en usant d’une facette peu connue des légendes arthuriennes. Cette trilogie s’inspire également de la mythologie celte, que je suis loin de maîtriser aussi, donc encore une fois, je n’ai pas su capter toutes les subtilités de l’histoire. Néanmoins, je ne considère pas que la nécessité d’avoir de bonnes connaissances en mythologie et légendes est un défaut. Après tout, comme cela ne nuit pas à la compréhensionje ne me plaindrai pas de cette richesse !

En outre, dans ce deuxième tome, l’histoire acquiert un souffle de plus en plus épique, ce qui n’est pas pour me déplaire. Des contre-attaques sont enfin lancées contre Rakoth et les confrontations entre le Bien et le Mal sont de plus en plus nombreuses. On assiste notamment sur la fin à une bonne grosse bataille, de celles où s’affrontent des combattants venant de partout à travers le continent et moult monstres tous plus cruels les uns que les autres. La séquence sur le voyage en mer de Paul, Diarmuid, Lorèn et Arthur et ce qui s’en suit apportent aussi une bonne petite dose d’action bienvenue. Avec ce nouveau souffle se manifeste également un sentiment croissant d’urgence, qui tend donc à rendre le récit encore plus captivant et prenant. On se prend à espérer avec les personnages et à rager contre les contre-temps et les obstacles qui surgissent. C’est un tome que j’ai trouvé encore une fois riche en émotions. Plusieurs moments m’ont assez émue, notamment lorsque l’on comprend ce qu’il est advenu de tous les Lios Alfar partis en mer. On assiste aussi de nouveau à des choix déchirants et à des sacrifices admirables qui nous donnent des frissons. Et c’est sans compter cette ambiance si unique qui me charme toujours autant !

Bref, les légendes arthuriennes et les mythes celtes dont s’inspire Kay font en sorte que certains détails nous échappent quand on ne s’y connaît pas, mais on suit tout de même très aisément les intrigues, intrigues qui gagnent en suspense tout au long du livre et dont la portée ne cessent de s’amplifier. Les émotions sont toujours au rendez-vous et l’on a droit à plusieurs scènes particulièrement touchantes dans ce tome. Le personnage d’Arthur Pendragon, bien que secondaire, me semble quant à lui fidèle à ce qu’on entend de lui. Voilà donc une très bonne suite qui ne m’a – ô surprise – aucunement déçu ! Voyez la chronique de mon co-lecteur Taliesin ici !

Coup de coeur!!

Coup de coeur!!

Cette chronique marque ma deuxième contribution à mon challenge GGK qui, je le rappelle, est déjà en route depuis plus de deux ans et demi !

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Tomes…
T.1: L’Arbre de l’été – paru
T.2: Le Feu vagabond – paru
T.3: La Route obscure – paru

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Challenge GGK : Ding dong ?!

26 Août

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Oyé oyé braves gens !

Cela fait maintenant un peu plus de deux ans et demi (depuis le 6 janvier 2011 plus précisément) que le challenge Guy Gavriel Kay est en branle et je me suis dit que cela ne lui ferait pas de tort d’essayer de lui donner un nouveau souffle ! Il faut dire que, mon blog étant au repos depuis un bon bout de temps et mon rythme de lecture ayant passablement diminué, mon propre challenge m’est un peu sorti de la tête. Mais me voici maintenant pour le revigorer !

Depuis le tout début du challenge, trois personnes ont réussi à le compléter : Eirilys, qui a complété le niveau 2 (une série complète), Lael, qui a atteint le niveau 1 (un tome unique) ainsi que Lintje, qui a réussi le niveau 3 (1 série complète + 1 tome unique). Cette dernière a toutefois décidé de poursuivre l’aventure en s’inscrivant cette fois-ci au niveau 6, rien de moins ! Bravo à vous trois ! Outre ces trois participantes, huit autres personnes ont progressé : Acr0CélineLefsÖ, Maêlle, Marise, poet24, Taliesin et moi-même. Pour voir les chroniques de tout ce beau monde, rendez-vous sur le récap du challenge. Si jamais il y manque une de vos chroniques, n’hésitez surtout pas à me le signaler !

Quelques statistiques :

  • 26 participants officiels, dont deux ayant terminé
  • Le livre le plus chroniqué pour ce challenge : La Tapisserie de Fionavar, tome 1 : L’Arbre de l’été (avec 6 chroniques uniquement consacrées à ce tome et deux consacrées à la saga en entier)
  • La plus grande chroniqueuse du challenge à ce jour : Maêlle (avec 6 chroniques)

Guy Gavriel Kay a publié deux nouveaux livres depuis 2011, soit Sous le ciel et River of Stars, qui ont tous deux été ajoutés à la catégorie « Extras » du challenge étant donné que le premier est disponible en VF uniquement au Québec et le deuxième est paru seulement en VO.

Comment se passe le challenge de votre côté ? La motivation et le plaisir sont-ils au rendez-vous ?

Pour ma part, je dois avouer que je suis à la fois dans une panne de lectures et une panne de chroniques, donc difficile dans ce contexte de progresser dans le challenge. ^^

Avez-vous envie de faire des lectures communes pour vous motiver à avancer dans le challenge GGK ?

N’hésitez pas à proposer des lectures communes, que ce soit ici ou sur Livraddict. Peut-être y-a-t-il d’autres personnes qui, comme vous, n’attendent que cette occasion pour se lancer !

Mais que vous soyez des lecteurs solos ou de groupes, je n’ai qu’une chose à vous dire : lisez, lisez du GGK !

La Tapisserie de Fionavar, tome 1 : L’Arbre de l’été de Guy Gavriel Kay

24 Nov
L'Arbre de l'été de Guy Gavriel Kay

The Summer Tree (traduit par Élisabeth Vonarburg) – Alire – 2002 – 423 pages

Ils sont cinq, femmes et hommes, tous Torontois ; ils sont jeunes, étudiants ou professionnels, tous rationnels. Or, les voici projetés dans Fionavar, le Grand Univers dont le nôtre n’est qu’une ombre bien pâle !

Malgré la protection offerte par Mantel d’Argent le magicien, ils sont aussitôt pris dans les premières escarmouches de la guerre qui oppose les forces des Lumières à celles des Ténèbres. Car Rakoth Maugrim, le dieu renégat, a trouvé moyen de se libérer de sa prison millénaire.

Le Grand Royaume du Brennin, où ont abouti nos cinq jeunes héros, est la première cible de Maugrim. Une proie facile, puisque le vieux roi n’a pas renoué les liens tissés par ses ancêtres avec les puissances bénéfiques de l’Arbre de l’Été. Une proie facile, à moins que le roi ne s’offre en sacrifice à ce dernier, ou qu’une autre personne ne le remplace…

Mon avis

Ahhhh, Fionavar… Cette trilogie a été un de mes premiers véritables coups de foudre littéraires. Je n’avais que 13 ans à l’époque où je l’ai lue et ces trois livres ont été une claque monumentale pour moi. Depuis, je voue une admiration quasi sans borne à Guy Gavriel Kay (GGK pour les intimes), alors que je n’ai même pas lu la moitié de sa bibliographie.

Cependant, face à un souvenir si fort, facile d’éprouver de l’appréhension avant de se lancer dans une relecture, 7 ans plus tard et quelques centaines de livres lus depuis. Est-ce que le bagage littéraire acquis depuis ma première lecture de la trilogie allait entacher ma relecture ? C’est la question qui m’a fait hésiter pendant de longs mois. Pourquoi avoir franchi le pas ? Trois raisons : 1) j’ai besoin de chroniquer la trilogie pour mon propre challenge GGK, 2) ça fait des mois que je me fais persécuter par Taliesin  pour le relire (vous vous douterez donc que c’était une lecture commune avec lui ), 3) j’ai senti que j’avais envie de chroniquer, ce dont la raison 1 est singulièrement dépendante. Mais bon, trêve de blabla !

L’histoire, de façon un peu paradoxale, ne tarde pas à démarrer, mais a aussi un début plutôt lent. *Non mais qu’est-ce qu’elle dit, c’est complètement contradictoire !* Mais si, j’vous dis ! La « véritable » aventure ne fait que commencer à la moitié du livre environ (d’où la lenteur), mais en même temps, les personnages sont embarqués rapidement dans ce nouveau monde qu’est Fionavar. D’ailleurs (et c’est ce qui a fait que j’ai vraiment très peu apprécié ce début), j’ai trouvé que nos cinq protagonistes – Kevin, Paul, Jennifer, Kimberly et Dave – se laissent embarquer bien trop vite dans cette histoire. De la part d’universitaires comme eux, étudiant notamment en médecine et en droit, je me serais attendue à davantage de rationalité (ce que laissait entendre la quatrième de couverture). On notera d’ailleurs tout au long du livre l’absence de « choc culturel » entre les cinq étudiants et Fionavar, un monde plutôt moyenâgeux avec une religion, une culture et des traditions très différentes de notre monde et de notre époque à nous. Bien qu’ils s’interrogent parfois sur telles ou telles légendes, ils s’adaptent très – trop – vite à leur destination. Et ça m’a vraiment agacée.

De plus, on n’apprend pas beaucoup à connaître les personnages au début du livre, si bien qu’ils sont jetés dans l’aventure sans qu’on sache vraiment qui ils sont. Néanmoins, cela fait en sorte qu’on découvre notre trio masculin et notre duo féminin graduellement, au fil de l’histoire, et tout compte fait, ce n’est pas plus mal. On n’arrive pas à les cerner facilement et cela les rend intéressants et énigmatiques. Il est ainsi peut-être un peu plus difficile de s’attacher à eux, mais quand on finit par apprendre ou comprendre pourquoi tel personnage agit d’une certaine façon, on éprouve de la sympathie et de la compréhension envers eux.

Les différentes histoires sont assez nombreuses, mais j’ai pour ma part trouvé qu’elles n’étaient pas nécessairement difficiles à suivre puisqu’elles suivent en général un ou deux des personnages principaux, donc il est facile d’associer les histoires aux protagonistes. C’est plutôt l’abondance de personnages qui peut momentanément porter à confusion, le temps de bien replacer qui est qui et quel est le rôle de chacun (c’est le lot des romans de fantasy me direz-vous !). J’avoue avoir eu de la difficulté à comprendre de qui il est question dans certains passages, mais ça ne gênait pas spécialement la compréhension de l’intrigue (ces passages n’ayant pas pour but de nous présenter « officiellement » les personnages mis en scène).

Bon. À ce point-ci de ma chronique, peut-être que certains d’entre vous se disent : « ben elle a aimé ou pas ?? ». Et c’est là que je vous parle de ce qui m’a charmée à la première lecture et qui me séduit encore dans cette relecture : l’ambiance. Je ne sais pas si c’est le style ou l’univers – ça pourrait très bien être le mélange des deux -, mais je trouve l’atmosphère de ce premier tome – et de la trilogie entière, d’après mes souvenirs – vraiment envoûtante. Des passages sombres, d’autres oniriques et d’autres encore follement intenses en émotions ou en tension… Il y a quelque chose de plus grand que les personnages dans l’histoire – la Tapisserie, le destin, les Dieux, appelez cela comme vous voulez – et on le ressent vraiment, ça transpire par les mots. Et personnellement, j’adore ! Cela fait en sorte que je suis vraiment absorbée par l’histoire à chaque fois que j’ouvre mon livre.

C’est aussi ce qui rend, à mon avis, le récit et surtout « l’acte » de Paul si.. wow ! Son histoire, sa souffrance, sa résilience… C’est un personnage si profond et un moment tellement fort, tellement… inqualifiable ! J’en ai des frissons rien qu’à y penser. Pour moi ce personnage à lui seul fait en sorte que ce livre vaut le détour. J’aime également beaucoup l’histoire de Dave parce qu’il s’en dégage une beauté sauvage. On a aussi l’impression d’entrer dans une grande famille, solidaire et courageuse, qui affiche un grand respect envers ses membres et ce qui l’entoure. Les Dalreï constituent vraiment un de mes peuples préférés dans cet univers.

Bref, L’Arbre de l’été est un livre qui possède vraiment à mes yeux une ambiance unique qui a encore une fois réussi à me conquérir. Parmi toutes les histoires et les personnages évoluant au sein de ce premier tome, certain(e)s se distinguent particulièrement de part leur force et/ou les sentiments qu’ils inspirent. La seule chose qui me retient de le considérer comme un coup de coeur est le début du livre et ses quelques petits défauts ici ou là, mais vraiment, je ne suis pas déçue de cette relecture, bien au contraire. Pour moi, Guy Gavriel Kay signe ici une oeuvre à la fois humaine et cruelle qui augure une suite tout aussi intense. Vous pouvez trouver la chronique de mon co-lecteur Taliesin ici !

Excellent!!

Voici donc ma première participation à mon challenge Guy Gavriel Kay. Il était temps quand même, j’en suis l’instigatrice et je n’avais toujours aucune chronique à mon actif.  D’ailleurs, je vais essayer de faire une tournée générale pendant la période de Noël pour motiver les troupes !

Tome
T.1: L’Arbre de l’été – paru
T.2: Le Feu vagabond – paru
T.3: La Route obscure – paru

Pour d’autres avis, vous pouvez aller faire un tour sur la fiche Livraddict!
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